« Il était comme le coq qui croyait que le soleil s'était levé pour l'entendre chanter. » (George Eliot)

∆Les mains enfouies dans les poches de son jean, Falco marchait, vadrouillait dans Brooklyn. Il rentrait chez lui, sans même savoir pourquoi. Parce qu'il était comme ça lui ; il ne prévoyait, ne planifiait jamais rien. Il voulait être pris au dépourvu. Il désirait être surpris à chaque instant de sa vie, c'était ça sa propre loi. Il craignait l'ennui, la banalité lui filait la gerbe. Il se refusait de suivre le système, d'écouter et apprendre les leçons léguées par la société. Il n'était pas comme les autres, oh ça non. Falco se foutait de tout. Il ne tenait à rien, à personne. Il n'avait donc jamais peur de rien. Puis, il faut dire qu'il n'était pas spécialement chiant. Dormir par terre, ou sur un matelas digne d'un hôtel à Manhattan, ça lui était bien égal. - Toute manière, il dormait jamais - Falco s'habituait à tout. Il bouffait du réchauffé toute la journée, se nourrissait de glaces et de donuts. Au diable sa santé, il n'avait pas peur de crever et encore moins de souffrir. Il était en perpétuel défi avec le danger, avec la sérénité, avec le destin. Il était pas facile à suivre le ritale, mais on l'aimait pour ça, bien que de son côté, il n'aimait personne. À vrai dire, il ne parlait aux gens que par simple intérêt. Il lui était inutile de se faire des amis, puisqu'il était persuadé qu'il valait mieux que quiconque dans cette ville. Il se sentait plus fort, moins vulnérable que les autres. Certes, Falco avait vécu énormément d'épreuves - père alcoolique et abusif envers sa petite sœur, mère décédée quelques semaines après sa naissance, le scénario habituel du pauvre mec de brooklyn - mais était-ce une raison pour snober la moitié de son quartier ? Il n'était pas vraiment arrogant, même absolument pas, mais il restait quelqu'un de méprisant et d'extrêmement froid. Il ne parlait pas beaucoup, il ne souriait que lorsqu'il était au téléphone avec son vieux pote Diego. C'était Falco quoi. Il tirait tout le temps la gueule, mais on ne lui en voulait pas. Personne ne savait ce qu'il pensait, personne n'essayait de s'en préoccuper, car la bataille était déjà bel et bien remportée par l'italien qui dissimulait chacune de ses pensées, chacune de ses envies par sa moue habituelle. ∆

∆ Vaffanculo Vogue. Ferme ta grosse putain de gueule, petite salope de mes deux. beugla Falco avant de cracher à la gueule de sa propre femme. Unifiés à jamais par les liens du mariage, ils ne trouvaient pas d'autres moyen de se prouver leur haine respective qu'en se frappant, qu'en s'insultant de tout, et de rien. C'était du Falco tout craché ça. Un vrai macho dans l'âme. Des promesses, il lui en avait fait pas mal avant leur mariage, mais il paraissait désormais évident que la belle Vogue allait devoir prendre son mal en patience pour les voir s'exaucer un jour. Non, il n'allait pas reprendre ses études. Non, il n'allait pas leur trouver un petit studio dans Brooklyn. Et non, il n'allait pas arrêter d'enfourner toutes les chiennes de New York. Falco ne l'aimait sûrement pas, ou alors, l'amour le rendait sacrément aveugle.

Elle le pensait tatoueur et c'était bel et bien vrai, Falco tatouait au black à ses heures perdues, mais cette activité n'était qu'officieuse. L'européen avait une toute autre carrière professionnelle qu'il dissimulait avec tant bien que de mal à Vogue. Et oui, il la baisait comme un dieu, et ce n'était pas étonnant, puisque c'était son métier de ramoner des chattes. Falco ne faisait pas le trottoir, nan, il était juste acteur. Acteur dans des films de boules. Falco, le mec à la bite de taureau, le fils caché de rocco. Il avait un avenir prometteur dans le milieu, d'ailleurs, on était sur le point de lui proposer un contrat pour LA, mais ça, c'était avant qu'il frappe le réalisateur de son dernier court métrage ALERTES AUX COBRAS. Falco ne pouvait pas se le blairer. Il était si gras, que lorsqu'il était à genoux pour faire des gros plans sur l'étreinte de Falco, il mettait plus d'un quart d'heure à se relever. Le ritale n'avait pas supporter le moment où son réalisateur lui avait fait remarquer qu'il n'était pas assez, je cite, tonique. Falco était complétement déprave, défoncé ce jour là. Il puait la weed. Il était mort, et baiser cette chienne de Lydie Kerbinghton lui semblait être une épreuve des plus insurmontables. Cogner son boss n'en était visiblement pas une. ADIOS LE CONTRAT mon pote. Enfin, ce n'était que partie remise. Il ne manquait pas de travail. Il était désiré par beaucoup de prod. Il avait du talent, du charisme, et il fallait l'avouer, il avait toutes les qualités requises pour être une étoile montante du cinéma pornographique. ∆