Le vrai bonheur ne se décrit pas, il se sent, et se sent d’autant mieux qu’il peut le moins se décrire, parce qu’il ne résulte pas d’un recueil de faits mais qu’il est un état permanent, un état plus ou moins avancé.
Assise sur le bord de la baignoire, tu restes pensive fixant ton reflet dans le miroir. T'as tellement mal au crâne que t'es incapable de te concentrer sur ta propre personne. T'aurais pas dû accepter les cinq derniers verres proposaient par cet inconnu ce soir. Tu regardes ce putain de miroir et toi ce que tu vois c'est ta gueule dix ans plus tôt. Ta gueule de collégienne quand tu te maquillais et te changeais dans les toilettes en cachette de papa et maman qui n'approuvaient pas cette émancipation plutôt précoce. C'est même pas une critique que je fais là, je constate. Ta mentalité a changé, mais dans le fond t'es toujours une gosse. T'en a plus rien à foutre d'avoir un crayon eye liner waterproof et khôl de Guerlin, toute manière t'as pas le fric pour l'acheter. Aujourd'hui tu deviens adulte, tu n'aspires plus à cette jeunesse où l'on fait des chasses à l'homme, où l'on joue à cache-cache, où l'on joue des tours aux gens, où l'on construit ses plus beaux souvenirs, bienvenue dans le monde des grands chérie. La vie c'est quoi? Un éternel recommencement dans l'absolu, une découverte à chaque instant? Le moment que dieu nous a offert pour profiter le goût de la jeunesse et de la vieillesse? Ou tout simplement un océan de souffrance? Tu viens d'enclencher le processus de dégénérescence, c'est le début de la fin.
Tu es étrangement silencieuse, habituellement ta langue de pute est bien pendue. Tu tends le bras pour ouvrir le premier tiroir sous ton lavabo, t'en sors une boîte et t'avale deux dolipranes. Tu sais même pas si tu vas trouver le courage de rejoindre ton lit. Tu restes encore un moment, immobile, jambe croisée, le regard vide. T'es pas une putain ; t'es presque une fille bien. T'as une allure de sainte et c'est grâce à ton minois angélique que tu t'en sors. Tu aimes sincèrement tes proches, tu leur dois ton futur. Tu méconnais tes cinq premières années sur cette planète. Tu ignores aussi que tu es malade du moins tu es maligne, tu sais bien le cacher. Tu comptes pas te soigner, car pour toi tu n'es pas atteinte d’anorexie! En soit, tu te contre fiche de demain.