Je souris, glissant sur le côté, m'asseyant au bord du lit. J'ouvris le tiroir de la table de chevet, y sortant une une cigarette, et une boite d'allumettes. Je l'allumais, laissant le doux goût de la menthe envahir mes tripes, rejetant alors de la fumée. Je la posais sur un cendrier, prenant en main un collant en dentelle. D'une façon régulière et charmeuse, je l'enfilais, comme si j'avais encore quelque chose à prouver, comme si je devais rester la prostituée que j'étais dans toutes les solutions. Je pris en main ma robe noir bustier, je levant pour à son tour la mettre, sous le regard intéressé d'un homme de quarante ans, gras et vicieux. Il riait alors. De moi ? De ma façon d'être ? De lui ? Je n'en savais rien, je ne voulais même pas le savoir. Les insultes, les rires en coin et les moqueries, je connaissais. Oh regarde celle-là avec ses cheveux roses et ses habits troués. Ou bien. C'est la pute de Brook', elle demande pas chère à ce qu'on dit. Je passais à travers, cela ne me touchait plus désormais. "T'en as pas marre de ta vie, comme ça ? T'as jamais voulu faire aut'chose ?" Demanda-t-il de sa voix rauque et calme, tout en se rhabillant. Je relevais la tête en sa direction, arquant un sourcil. De quoi il se mêlait celui-là ? Ma vie ne regardait personne, mes choix non plus, et certainement pas un pervers égocentrique dans son genre. "C'est pas que ça t'dérange." Rétorquais-je simplement sans lui adresser un regard. Il rit. S'approchant de moi, il me tendit deux billets de cent, et embrassa ma joue de ses lèvres grasses. Il s'en alla, aussi facilement qu'il était venu me voir. M'essuyant la joue, je m'assis à nouveau, reprenant en main ma douce drogue. Ses paroles résonnaient encore en moi. Si je n'avais pas voulu faire autre chose. Je riais. Comme si j'avais eu le choix. Pas de mère, un père incapable de prendre soin de moi, j'avais du m'élever seule, apprendre en solitaire, trouver un boulot bien payé pour pouvoir vivre. J'aurais voulu faire de grandes choses. Aller à l'université, avoir un jour une femme et des enfants. J'en avais marre des pipes et des soixante-neuf, mais je n'avais pas le choix. J'étais envie, en bonne santé, de quoi pourrais-je me plaindre ? D'une ville minable que j'avais choisi ? Je riais une nouvelle fois, mettant mes chaussures à talons noirs et à piques, enfilant ma veste en jean, elle aussi à piques. Je sortis de la chambre. D'une chambre que je retrouverais bientôt. Bien trop tôt.