« Jeunesse et adolescence ne sont qu'abus et ignorance. » (François Villon)

La première fois que tu t’injectes une aiguille dans le bras, tu n’as que quatorze ans car ton père a laissé traîner malencontreusement de la meth’ dans un recoin du canapé. Pourtant il devrait le savoir que tu fais les coins du canapé pour trouver les reste de monnaie pour pouvoir t’acheter ton paquet de clope. Ce nombre de clope phénoménale que tu fumes à longueur de journée pour éviter de manger, et perdre ce surpoids que tu trimbales tout le long de la ville. Tu entends à longueur de journée « Bouboule, le gros, si on te pousse tu roules ? » et tu te sens mal. Avec ton acné sur la peau, tu avances, le dos courbé sous le poids des méchancetés de l’homme. Si tu pouvais porter une cagoule sans te faire passer pour un voleur tu le ferais. Donc tu t’enfermes dans ton monde, et tu fumes. Tu essaies de faire du sport, mais tu t’essouffle tellement rapidement que tu arrêtes. Donc tu fumes, encore et toujours. Car c’est la seule chose sur c’te planète pourrie qui te fait oublier ton appétit grandissant à te tordre l’estomac, et faire crier tes entrailles famine. Et ça marche, enfin tu penses que ça marche. Donc tu continues essayant d’alimenter ton cancer. Et tu découvres ce petit sachet, avec une aiguille. Tu sais ce que c’est, pas besoin de te faire un dessin. Ton père est un dealeur, et puis le film requiem for a dream est devenu ton mode d’emploi. Donc pour la première fois de ta vie, tu te piques. Et c’est ainsi que tu es rentré dans la boucle infernal, drogué et boulimique. Les années passent et ton régime marche. Ton reflet dans le miroir n’est pas joli, mais il te convient. Tu deviens un cadavre, mais c’est toujours mieux que d’être le gros porc à qui on crache dessus. Puis tu rencontres ce garçon qui te fait sentir bien, qui t’accepte avec c’t’allure de mort-vivant. Il est pareil que toi : drogué. La bonne entente, et c’est avec lui que tu vis ta première et unique histoire d’amour. Il te baise, tu le baises. Mais au final tu te fais largement baisé. En plus d’être le garçon drogué et boulimique, tu deviens de surcroit ce garçon malade portant de l’AIDS. Tu le déteste, tu penses que ta vie est tellement pourrie, que Dieu a une dent contre toi. Et tu en as marre de bouffer c’te tartine de merde dont le gout persiste dans ta bouche. Donc ce jour-là, en rentrant chez toi tu prends la lame de rasoir et te tranche les veines. Tu te sens partir, et tu es léger. A la limite de l’euphorie de quitter ce monde merdique. Mais c’est sans compter sur là-haut pour te faire redescendre direct.
Tu te réveilles le lendemain à l’hôpital, vivant ! C’est à partir de ce jour que tu te laisses aller jouant sur la ligne, attendant que le vent te fasse tomber d’un côté ou de l’autre. Et vient ce jour où tu fais une overdose, et encore une fois, quelqu’un a voulu que tu vives. Tu ne connais pas la raison, mais tu es toujours vivant. Mais c’te fois tu décides de faire quelques choses, car tu sais que tu n’arriveras jamais à partir d’ici. Donc tu pars en désintox, tu n’as que 19ans !