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 bang bang baby hit me one time

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    Vajni Kemp
Vajni Kemp


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bang bang baby hit me one time _
MessageSujet: bang bang baby hit me one time   bang bang baby hit me one time EmptySam 10 Nov - 22:23


BANG BANG BABY HIT ME ONE TIME


Dix-neuf heures trente, soleil couchant, la lune se lève sur la côte Est, ardemment planquée entre quelques immeubles attendant la destruction imminente. Vajni sort finalement des locaux de son patron, se gonfle les poumons de cet oxygène divinement pollué, se roule une cigarette du bout des doigts, attrapant son vélo enchaîné de l’autre main. Son job de coursier préposé aux urgences de la Grande Pomme lui prend désormais la plupart de son temps : il tente de se convaincre qu’il ne fait ça que pour la tune et une pointe d’auto-reconnaissance, sait pourtant qu’au fond, il essaye simplement de sortir la tête de l’eau, de penser à autre chose que Louïsa et cette... chose qui a pris place au creux de son ventre. Les sourcils froncés, il allume son tabac, enfourche sa modeste bécane, entame un long et périlleux slalom entre automobilistes et poids-lourds prêts à le renverser bien volontiers. Dix minutes de trajet, dix minutes d’insultes et de doigts d’honneur, il arrive à bon port, descends de sa monture, grimpe rapidement ses six étages sans ascenseur sans ciller : dire que son miteux petit cocon lui manque est un euphémisme. Il enclenche la poignée, est pris à la gorge par cette odeur d’opiacé ; pour les grandes occasions, lorsque le porte-monnaie jouit d’un solde conséquent ; et autres relents d’herbe bas de gamme. L’atmosphère est pâle, grisâtre, c’en est presque ridicule. Il ouvre à la volée chacune des fenêtres, se dessape au passage, envoie valser chaque pièce de tissu à travers la pièce ; sa sœur s’en chargera, si tenté qu’elle ose la moindre tâche ménagère. L’eau de la douche est bouillante, il n’en a cure, se brûle la peau et en redemanderait presque. Il se sèche, avance dans la buée, se plante devant la grande psyché et admire un instant les cernes noires qui assombrissent ses iris pourtant si clairs. Ses lèvres sont gercées, sa peau blême, le breakdown est difficile à encaisser. Il passe un sweat, un vieux chino, s’affale sur son canapé affaissé par l’âge et y prend racine, enchaînant clope sur clope, chaîne sur chaîne. Il réfléchit longuement, songe à Louïsa, songe à Bluma, arrive à la conclusion qu’il est un bel enfoiré mais tient le coup, ne fume rien d’autre que son sale tabac. Les minutes, les heures passent, il s’endort, finalement réveillé par la sonnerie stridente de son téléphone. Au bout du fil, sa sœur hurle à moitié, le somme de s’excuser de l’avoir oublié et de venir la chercher immédiatement. Il riposte, braille à son tour, lui raccroche au nez, mais sa réaction ne se fait pas prier. Il attrape son manteau, dévale les escaliers et se jette derrière le volant de sa berline, démarrant en trombe et ne se gênant pour enfreindre mille et une fois le code de la route afin d’arriver au plus vite au club malsain qui emploie sa chère et tendre cadette. Si elle n’a peur de rien, lui, en revanche, haït par-dessus tout le fait qu’elle puisse l’attendre bien sagement et court vêtue au beau milieu des bas fonds de la ville. Il se gare sur ce fameux parking, Bluma s’installe sur le siège passager. La prochaine fois qu’t’oses rentrer dans ma voiture habillée comme ça, j’te laisse sur l’bord de la route, c’est clair ?S’en suivent de longues joutes verbales sur le trajet du retour, joutes au terme desquelles Vajni se résout tout de même à passer son manteau sur les épaules de sa sœur, arrêtés entre deux feux rouges. Elle lui sourit, lui embrasse la joue, il grogne, feint l’exaspération en s’écartant d’un train. Il la dépose au pied de leur immeuble, prétexte une urgence à laquelle elle ne croit pas le moins du monde. Cinq minutes plus tard, il se park devant le bâtiment de Louïsa, envoie son front valser contre le volant pour d’ores et déjà se punir de son geste. Connerie ou pas, il est là et compte, pour une fois, porter ses couilles et affronter celle avec qui tout s’est si mal terminé. Il fait froid au dehors, l’appréhension lui noue les muscles et le réchauffe bien vite. Il ne prend pas la peine de sonner, le code, il le connaît par cœur. Lentement, il gravit les quelques marches le séparant du palier de la belle, tape trois petits coups à la porte estampillée Mavrokordatos après plusieurs secondes de doute. Il se pince l’arête du nez, se frotte la nuque, agit comme un pur gamin. Louïsa, j’sais qu’t’es pas couchée, la lumière filtre sous la porte…Derrière la cloison, le bruit de la chute d’un quelconque objet ; il déglutit sans discrétion aucune, se colle contre l’encadrement en soupirant du bout des lèvres.Ouvre-moi, bébé, s’il te plaît.Il n'a aucune idée de ce qu'il fait, veut juste arranger les choses entre elle et lui, sans pour autant avoir évolué de son côté. Foutu foetus.
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    Louïsa Mavro
Louïsa Mavro


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bang bang baby hit me one time _
MessageSujet: Re: bang bang baby hit me one time   bang bang baby hit me one time EmptySam 10 Nov - 23:34

La nuit dehors, une chanson mélancolique à la radio, une odeur d’encens qu'elle seule sait apprécier. Louïsa a passé sa journée en mode farniente, le cul sur le canapé et les pieds posés contre l'accoudoir, à manger des cornichons comme toute bonne femme enceinte le ferait. Elle sourit face au cliché et s'amuse de le cultiver tandis qu'elle termine le pot bon marché entamé le matin même. Elle se sent incroyablement grosse alors qu'elle n'a pas pris un gramme. Entre ses doigts trône une photo de son ex dont elle a corné les coins sous le coup de la tristesse avant de se répéter à elle-même ô combien cette nostalgie qui la prend si souvent la rend pathétique. Elle n'est pas allée en cours depuis une semaine et ne sait plus quelle excuse sortir à ses camarades pour justifier son absence prolongée. Alors elle se contente de filtrer les appels avec un sourire de peste sur les joues, la télécommande dans une main et une vieille édition de Jane Eyre dans l'autre. Sous ses yeux, un passage qui lui sert un peu plus le cœur.

Do you think, because I am poor, obscure, plain and little, I am soulless and heartless? You think wrong! - I have as much soul as you, - and full as much heart! And if God had gifted me with some beauty and much wealth, I should have made it as hard for you to leave me, as it is now for me to leave you!

Un soupire meurt sur ses lèvres tandis qu'elle referme le livre contre sa poitrine. Elle n'aime pas repenser à leur rupture et encore moins à l'amour douloureux qu'ils se vouaient l'un pour l'autre. Les émeraudes de ses yeux se perdent un instant sur les moulures de son plafond, elle ferme les paupières et les garde close avant de se redresser aussitôt. Dans la table de nuit, une boite en acajou. La grecque en ouvre le couvercle et extirpe son contenu avec une certaine culpabilité, doublée de cette envie irrépressible qui fait frémir le bout de ses doigts depuis deux semaines déjà. Doucement, elle sort du pochon la weed encore intacte qu'elle a acheté à un bon prix. Délicatement, elle glisse le bout de sa langue contre la cigarette coincée jusque lors derrière son oreille. Elle s'applique à la réalisation d'un joint dont elle devrait pourtant s'interdire la consommation même passive, et hausse les épaules en s'imaginant que le bébé puisse sortir avec des rastas et une toux d'enfer. Elle se surprend souvent à espérer qu'il sera un garçon. Le filtre en bouche, elle se penche à la flamme d'une bougie parfumée et tire sans trop y penser. Les premières taffes la font tousser, elle fronce le nez tandis que sa gorge délicieusement brûlée inhale la fumée. Elle est bien. Mieux même qu'elle ne l'a jamais été durant ces derniers jours de galère sans sortie de secours. Ses lèvres gourmandes expirent une nuée grisâtre et odorante dont elle s'empreigne, et puis soudain la porte qui ploie sous des martellements macabres. Sa main libre se pose instinctivement contre son ventre. Un sourcil blond se courbe sur son front marqué par le soucis. Elle reste silencieuse. De l'autre côté du bois, une voix qui lui glace le sang.
- Louïsa, j’sais qu’t’es pas couchée, la lumière filtre sous la porte…
Elle étouffe un rire surpris et se précipite sur la pointe des pieds à l'entrée. Elle l'aperçoit l'implorant à travers l’œil de judas et dans un mouvement brusque témoignant de son agacement soudain, bouscule un verre qui se brise au sol. Son souffle se crispe dans un hoquet. L'oreille se tend.
- Ouvre-moi, bébé, s’il te plaît.
La supplique lui déchire sa bonne conscience. Que fout-elle avec un joint entre les doigts? Que fout-il derrière sa porte? Elle s'adosse contre le mur adjacent, pensive, tirant une énième fois sur l'objet qui se consume d'une lenteur presque obsédante. Son pied s'amuse d'un bout de verre qui manque de lui trancher la peau. Les secondes s'écoulent, elle lui ouvre enfin la porte et s'en retourne automatiquement vers son trône sans même un regard pour l'homme. Elle joue de cette désinvolture qui l'énerve autant qu'elle l'excite. Vanji crève de son absence. Louïsa agit comme s'il ne lui manquait plus.
- Qu'est-ce qui t'amène ici?
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    Vajni Kemp
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MessageSujet: Re: bang bang baby hit me one time   bang bang baby hit me one time EmptyDim 11 Nov - 1:23

Involontairement ou par pur provocation, elle le laisse attendre sagement devant sa porte, ne daigne pas donner le moindre signe de vie. Pourtant, il sait qu’elle est là, juste derrière la cloison. Ses narines semblent percevoir ce parfum ambré si caractéristique de la jolie grecque, ce parfum qu’il reconnaîtrait entre mille, et ce malgré le béton qui peut les séparer. Il se sent con, terriblement con, s’adosse au mur, patiente, une, deux, trois minutes, peut-être dix, le temps paraît simplement long. Elle sait qu’il ne brille pas par son self-control, en joue avec brio ; dans la pénombre de ce couloir qu’il n’a pas la force de rallumer, Vajni esquisse un sourire du coin des lèvres : elle le connaît par cœur. Las de ce petit manège qu’il ne mérite pourtant que trop bien, il se colle contre le bois, implore littéralement à de nombreuses reprises le prénom de la jeune femme, sans grand succès. Puis, au bout de ce qui lui parut des lustres, la poignée grince, la porte s’entrebâille, s’ouvre enfin. De jolies ondulations blondes jetées sur l’arrière d’une chemise en jean trop grande, de longues jambes presque dénudées, mais pas l’ombre d’un regard. La jeune femme ne daigne même pas lui faire face, préfère parier sur une méprise extrême, s’affale sur son divan comme si elle en sortait à peine. Et sa technique fonctionne diablement bien. Terriblement vexé et ne pouvant le cacher, Vajni fronce les sourcils, plisse ses lèvres, ne sait trop où poser les yeux. Ses pupilles vont et viennent, slaloment entre les vêtements jonchant le sol, contemplent l’amas de vaisselle sale. Ca ne ressemble tellement pas à Louïsa. Une odeur le dérange, lui fait plisser le nez : vieilles effluves de leurs défonces passées embaumant encore les tapisseries ou weed bien fraîche ? Il ne saurait dire, redoute pourtant le pire. Qu'est-ce qui t'amène ici? Son ton est atrocement froid, distant, faussement insouciant, parvient à lui glacer le sang. Il tourne la tête vivement, avance, hésite, baisse les yeux : il n’ose tout bonnement pas affronter son regard. Par peur d’y revoir défiler tout ce qu’ils ont pu vivre ensemble, peur d’y retrouver tous ses souvenirs qu’il tente tant bien que mal d’occulter ; en bon nostalgique qu’il est, vivant constamment dans le passé, il en est foutrement incapable. Incapable de décoller ces quelques photos d’eux encore domiciliées sur la porte de son frigo, ni celle dans son porte-feuille ; pas foutu de jeter cette brosse à dent qu’elle ne récupèrera pas ou ces vieilles bougies à la rose qu’elle foutait partout et qu’il détestait tant. Je, mh… J’venais prendre de tes nouvelles.Et t’avouer à quel point je suis désolé, mais ça, sa fierté mal placée ne se le permet pas. Ophelia m’a appelé cette aprem’ pour m’demander pourquoi tu v’nais plus en cours, pourquoi tu n'répondais plus au téléphone. J’ai improvisé. Il se rapproche un peu plus d’elle, contourne le sofa, la voit finalement dans son entièreté. Son cœur rate un battement: entre les lèvres de la belle, un buzz incandescent, à moitié liquidé et manifestement bien fourni. L’invraisemblance de la situation le laisse pantois. Mais qu’est-ce que tu fous ? Il grimace une seconde, arrache le joint des doigts de Louïsa, l’écrase dans le premier cendrier venu. T’es complètement conne ? Ca t’prend souvent d’te défoncer ? Putain mais réfléchis, merde !Son pouls s’accélère, son souffle se coupe ; il ne saurait dire ce qu’il le pousse à réagir si violement, lui qui, il y a quelques minutes encore, haïssait par-dessus tout cette petite chose venue foutre en l’air leur si beau couple et leurs mois d’amour. Mais le cœur a bel et bien ses raisons que la raison n’a pas. Vajni ne fait pas exception à la règle.
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    Louïsa Mavro
Louïsa Mavro


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MessageSujet: Re: bang bang baby hit me one time   bang bang baby hit me one time EmptyMer 14 Nov - 18:45

Elle est conne, peut-être même complètement masochiste d'accepter sans lutte aucune que Vanji pénètre son appartement. Louïsa n'a pourtant aucun scrupule à l'admirer s'avancer sur le tapis persan du modeste salon, les bras ballant et le regard dans la vague. Il fronce les sourcils, elle se permet un rictus satisfait et tire une nouvelle taffe de son joint qui termine de se consumer entre ses doigts. Il ne semble pas l'avoir remarqué, peut-être même tente-t-il d'ignorer la tentation qu'elle agite sous ses iris. Reste qu'elle préfère le laisser parler plutôt qu'écouter son baratin. Qu'il en devienne fou, ses états d'âmes l'importent peu. Il se justifie péniblement sur sa venue, elle étend ses jambes avec nonchalance sur le canapé de manière à lui faire comprendre qu'il n'est pas un invité dans cette demeure.
- Je, mh… J’venais prendre de tes nouvelles.
Cette déclaration lui arrache un rire silencieux. Elle le toise avec malice.
- Allons bon.
L'ironie patente qui teinte sa voix pourtant claire l'étonne. Elle ne se pensait pas capable de le mépriser autant, lui qu'elle croyait aimer comme une folle. Il manifeste son malaise par de petits gestes mécaniques. Une main dans ses cheveux courts, les doigts sur sa nuque épaisse, les yeux rivés sur ce sol aux accents psychédéliques. Elle le connait par cœur. Il poursuit d'un ton hésitant. Elle, tente de comprendre son acharnement.
- Ophelia m’a appelé cette aprem’ pour m’demander pourquoi tu v’nais plus en cours, pourquoi tu n'répondais plus au téléphone. J’ai improvisé.
Elle consomme avec gourmandise l'ivresse de son joint sans même réagir à sa déclaration. Rien n'indique qu'elle ait entendu quoique ce soit. Ses jambes nues se croisent l'une sur l'autre. Par la fenêtre, un air frais vient rafraîchir l'intérieur de la pièce et l'odeur des bougies se mêle à celle de la weed dans un balais impalpable qui laisse rêveur. La grecque se décide finalement à répondre sans le regarder pour autant.
- Improvisé ? Bien entendu, j'imagine que tu ne voulais pas trahir ton implication quant aux raisons de cette absence prolongée.
Elle pointe un doigt sur son ventre, et c'est comme si elle mentionnait plutôt ses cuisses qu'il a parcouru jadis avec passion. Peut-être l'océan qui borde ses paupières vient-il couler sur sa peau à cette remarque, toujours est-il qu'elle n'espère aucune réaction de sa part si ce n'est un gène. Elle le sent se rapprocher de son trône. Elle remonte son genoux, illusion d'une barrière qu'elle ne peut s'offrir face à ses bras. La blonde ne s'imagine pas y retourner un jour, pourtant elle ne peut contrôler ce reflex défensif. Quand son cœur a-t-il cessé de battre à sa vue ? N'a-t-il jamais battu d'ailleurs, ou n'était-ce qu'une illusion causée par cette idylle aveugle et sans retour ? Elle songe sans trouver réponses et c'est le touché brusque de ses doigts contre sa bouche qui la ramène à la réalité. Elle lève vers lui des yeux éberlués tandis qu'avec colère il écrase son unique trésor. Il lui gueule dessus penché sur sa toison d'or et une pointe d'agacement vient titiller ses mains tendues.
- T’es complètement conne ? Ça t’prend souvent d’te défoncer ? Putain mais réfléchis, merde !
La remarque est risible et déplacée, elle brandit automatiquement son index devant ses lèvres avant de glisser son pied fin sur son abdomen pour le repousser. Loin. Jambe tendue, elle le toise avec lassitude.
- Mais réfléchis quoi, Vanji ?! T'es venu pour me faire le sermon ? Tu te soucies de sa santé maintenant ? Si tu penses mon attitude déplorable interroge plutôt la position du père dans cette histoire.
Elle le cingle avec dureté et sa langue tend même à fourcher sur ces paroles acerbes qu'elle ne pèse même plus. Elle perçoit sa mâchoire se contracter sous la tension, constate qu'il est sur le point de vomir sa crise de nerf dans un flot d'insultes à son égard et choisit de se lever pour l'affronter. Elle prend des allures bonhomme malgré la fragilité de son corps gracile et le bouscule légèrement à son contact. Elle ne craint pas la rencontre de leurs regards, elle ne craint pas de revoir défiler les rires, les pleurs, les défonces, les débats, les ébats aussi. Tout ce qu'ils ont partagé lui gicle à la figure dans un flot de haine mêlée à la déception accablante de l'abandon. Car plus qu'un enfant qu'il n'aurait jamais désiré, c'est elle qu'il a laissé lâchement derrière lui dans son départ, et ça, elle ne parvient pas à lui pardonner. Son aversion se manifeste par des gestes soudainement plus tendres. Doucement, elle tend sa paume vers lui et caresse cette tempe qu'elle sent chaude sous l'épiderme. Le ton est mielleux, le fond sarcastique et détestable.
- Sois d'abord un homme s'il te vient à l'esprit de me donner une quelconque éducation sur le comportement qu'une future mère doit adopter à l'égard de son enfant.
Elle pourrait le frapper à cet instant qu'elle ne culpabiliserait même pas. Pourtant, c'est la violence de son sourire qui achève ses accusations implicites.
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    Vajni Kemp
Vajni Kemp


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MessageSujet: Re: bang bang baby hit me one time   bang bang baby hit me one time EmptyMer 14 Nov - 22:45

Elle se rit de la situation, de lui, de ce qui a pu hier les lier plus que de raison mais qui, aujourd’hui, en dépit de la passion à ses yeux toujours présente, n’est qu’un bien lointain souvenir. Distante, froide, à mille lieux de lui, elle ne rend le moment que plus éprouvant encore : sa probable manière de se venger, de lui faire comprendre à quel point elle l’a haï et le haït toujours du plus profond de ses tripes, si fort que le fœtus lui-même en viendrait presque à mépriser ce paternel qui n’aura de géniteur que le titre. Vajni déglutit, s’embarrasse et lève le regard vers ce plafond craquelé qu’il a si longtemps contemplé. Se refuse à imaginer ne serait-ce qu’un instant cette chose comme étant sa progéniture ; les yeux translucides de son père, la bouche ourlée de sa mère, il se frotte le visage de ses deux paumes pour tenter d’occulter ce qu’il doit considérer pourtant comme la triste vérité. Déambulant ça et là au travers de cet appartement qu’il connaît probablement mieux que le sien, il se contente de rester hermétique et silencieux aux affirmations trop rhétoriques qu’elle proclame fièrement, regrettant presque de s’être par le passé entiché de cette fille lui étant trop semblable. Alors il s’écrase gentiment, ne souhaite pas envenimer la situation, sait pourtant que les joutes semblent inévitables, clairement légitimes. Quelques jeux de jambes faussement innocents que Vajni ne peut s’empêcher de contempler, déjà trop avide de cette chair qui lui manque tant, des cils papillonnants et une chemise mal boutonnée, mais le moment est bien trop opportun pour ne serait-ce qu’y penser. Louïsa dégage ce quelque chose qui la rend si unique, aux yeux de son ex-amant mais aussi à ceux de tous les hommes que la Terre peut porter. L’espace d’un instant, il se voit déjà renoncer à sa liberté qu’il chérit tant, dire oui à cet enfant et dire adieu à sa vie d’adolescent. Mais le dilemme est trop grand pour ses épaules d’apparence si puissantes, en réalité si frêles, il préfère secouer la tête et tout oublier. Une, deux enjambées, il lui arrache ce joint, ce qui a le mérite de la faire réagir : elle le pousse, se lève, calque les décibels croissants sur sa propre voix. Elle l’impressionnerait presque, si seulement il ne savait pas à quel point ce bout de femme peut être fragile sous cette armure si épaisse qu’elle s’est elle-même forgé. “J’n’ai rien, absolument rien à voir avec le futur de c’gosse. C’n’est pas moi qui l’porte dans mon ventre ! T’as envie qu’il naisse avec des poumons aussi noirs qu’les tiens ? A ta guise, c’est ton choix, pas l’mien.” Aussi calme et assurée que se veut sa voix, il regrette pourtant chacun de ses mots à la seconde où il les a débités. Il se sent con, ne s’est jamais senti aussi con qu’en l’instant présent. Ses paroles sont insensées, absurdes, pourtant, il n’y revient pas, trop orgueilleux pour lui faire ce plaisir ; silencieusement, il prie de toute son âme pour que son rejeton ne soit pas encore en âge d’entendre ce que son enculé de père a pu dire à son égard. Louïsa pose sa paume contre sa tempe bouillante, palpitante au gré du rythme de son cœur. Son pouls s’accélère, la proximité des lèvres et du doux parfum de la jeune femme lui paraît bien trop insurmontable. Cinglante et sarcastique elle devient, agite ses pulsations cardiaques d’une manière bien moins vertueuse. Attaqué, blessé dans son amour propre, Vajni se recule, la foudroye du regard, s’éloigne d’elle en croisant la route d’un pauvre mur en placo qui gardera à tout jamais la marque de son poing. “Arrête de te prendre pour c’que t’es pas Louïsa, arrête ! J’ai bientôt trente piges, j’ai pas b’soin des putains d’conseils d’une putain d’gamine à moitié camée et assez frappée pour vouloir garder un môme alors qu’elle arrive à peine à s’en sortir avec ses quat’ cent euros d’bourse mensuel !” Il écarte les bras, gueule à en réveiller la rue entière. Sa mâchoire est crispée, ses hanches appuyées contre le rebord de l’évier de la cuisine. Les mains tremblantes, il ouvre la fenêtre en grand, coince une cigarette entre ses lèvres. La nicotine l’apaise, rend sa voix plus posée. “A quoi est-ce que tu penses mon coeur?” Il tique, s’en veut presque d’utiliser ce sobriquet, balaye le problème d’un regard en coin. “Quelle vie t’imagines qu’il aura c’petit, hein ? On bosse tous les deux, toi, t’as la fac, et j’refuse que t’arrêtes tes études. Qui est-c’qui s’en occupera la journée, hm ? Ma sœur ? Elle est même pas foutu d’s’occuper d’son propre cul, plutôt crever qu’de lui confier mon gamin. J’ai pas la gueule du père idéal, t’as pas la gueule de la mère idéal non plus, et tu l’sais. Pourquoi tu t’obstines à croire qu’on pourra faire d’bons parents ?” La grenade est lancée, le sujet plus qu’abordé. L’espace d’une seconde, il s’imagine pouponner ce gosse qu’il sait d’instinct être un garçon. Se lever la nuit pour aller le bercer après les supplications d’une Louïsa endormie, lui apprendre à écrire son nom, à jouer au basket, l’engueuler pour un bulletin de note trop médiocre. Vajnirio est si loin de tout ça. Bien trop loin pour envisager le fait de mettre un prénom ou un visage sur ce petit être qu’abrite le corps de sa belle. Léonard, ça sonne bien pour une tête blonde, non ?
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    Louïsa Mavro
Louïsa Mavro


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MessageSujet: Re: bang bang baby hit me one time   bang bang baby hit me one time EmptyMer 14 Nov - 23:48

- J’n’ai rien, absolument rien à voir avec le futur de c’gosse. C’n’est pas moi qui l’porte dans mon ventre ! T’as envie qu’il naisse avec des poumons aussi noirs qu’les tiens ? A ta guise, c’est ton choix, pas l’mien.
Elle l'attaque, il assène automatiquement des reproches qu'elle ne parvient pas à accepter de sa bouche. Ses attaques on le mérite de la ramener sur Terre, elle ne tarde pas à s'empourprer, ses sourcils se froncent comme un écho aux siens et le fusillent avec démence. Elle voit rouge, littéralement, et sent une indignation virulente lui couper son souffle déjà court. La lâcheté dont il fait preuve pourrait l'indifférer, elle n'a qu'à lui indiquer la porte pour s'assurer de son départ définitif. Et pourtant.
- Non, non non ! Tu ne commences surtout pas à faire le donneur de leçon Vanji.
Elle n'arrivera jamais à le prononcer correctement, et la mélodie hellénique qui atteste ses origines méditerranéennes prend des accents pointus sur ce prénom dont elle a tant susurré les syllabes.
- Tu te masques derrière des prétextes, t'es incapable d'assumer quoique ce soit et tu me reproches quoi ? De fumer un joint ? Mais putain, va te faire foutre !
Elle n'en peut plus de son attitude, de cette frontière orgueilleuse qui le masque dans des retranchements impénétrables. Elle voudrait jeter ses défauts pour ne garder que le meilleur, le Vajni bon, généreux, serviable, et incroyablement drôle. Le Vajni qu'elle aime, celui qui avait des projets, des idées face à l'avenir. Mais la réalité la déçoit et elle se sent soudainement fatiguée du fardeau qu'il appose sur ses épaules trop frêles. Elle ne peut pas, qu'elle parvienne à s'en convaincre ou non. Sa dignité lui interdit la faiblesse, elle refuse de plier à ses genoux, ainsi se tiennent-t-ils tête dans cet appartement trop petit et coquet pour l'échange explosif. Il se recule au contact de sa main et s'isole dans la cuisine adjacente au salon. Elle est tentée de le suivre mais préfère couper court au débat. La blonde incendiaire lui tourne alors aussitôt le dos pour plonger la tête entre ses paumes échauffées par la tension qui règne dans la pièce. Elle entend son placo craquer sous les phalanges de son ex et s'abstient de toute réaction. C'est sans compter sur cette colère qui le pousse à continuer sur cette voie qui n'handicape que davantage leur situation déjà difficile.
- Arrête de te prendre pour c’que t’es pas Louïsa, arrête ! J’ai bientôt trente piges, j’ai pas b’soin des putains d’conseils d’une putain d’gamine à moitié camée et assez frappée pour vouloir garder un môme alors qu’elle arrive à peine à s’en sortir avec ses quat’ cent dollars d’bourse mensuel !
Trente piges ? L'affirmation est décriée avant tant d'abandon qu'elle manque de s'esclaffer, nerveuse. Elle secoue ses cheveux blonds sans riposter, le supplie en un murmure inaudible d'arrêter. Ils sont dans une impasse, une situation sans issue.
- A quoi est-ce que tu penses mon coeur? Quelle vie t’imagines qu’il aura c’petit, hein ? On bosse tous les deux, toi, t’as la fac, et j’refuse que t’arrêtes tes études. Qui est-c’qui s’en occupera la journée, hm ? Ma sœur ? Elle est même pas foutu d’s’occuper d’son propre cul, plutôt crever qu’de lui confier mon gamin. J’ai pas la gueule du père idéal, t’as pas la gueule de la mère idéal non plus, et tu l’sais. Pourquoi tu t’obstines à croire qu’on pourra faire d’bons parents ?
C'est toute leur histoire qui lui revient en pleine gueule quand il s'adresse à elle. Ses mots sont comme une claque à chaque fois, elle a le souffle coupé par la contrariété, tente une riposte et ne parvient qu'à expirer un gémissement plaintif, étouffé. Sa douceur soudaine la blesse et lui serre le cœur, qui tente-t-il de raisonner en s'exprimant ainsi ? La Louïsa avec qui il a conçut cet accident n'est plus celle qui se tient face à lui désormais, tremblante et désarmée. C'est tout du moins ce que la grecque tente de se convaincre à elle-même. Une dose étourdissante de souvenirs l'assaillie, fait gonfler ses veines et la fureur qui monte en elle se cristallise contre son visage creusé qui se crispe. Elle formule la promesse silencieuse de ne pas craquer devant lui et se retourne les yeux fous.
- Oh pitié, n'essaye pas de t'auréoler de bonnes intentions ! Je veux bien croire que j'ai pas la gueule de la mère idéale, mais j'ai l'intime conviction que je peux faire du bien à cet enfant. Tu peux penser ce que tu veux, argumenter, cacher ta lâcheté derrière tes bons préceptes, je ne reculerai certainement pas face à ce qui va arriver. Je saurais m'en sortir putain, je saurais m'en sortir, j'ai jamais compté sur ton courage pour m'en sortir jusqu'à maintenant.
Elle a des allures démentes et fait des grandes gestes en parlant très fort. Sa voix monte en crescendo et bientôt c'est sa gorge qui commence à s'éteindre progressivement sous les cris. Ses bras retombent contre ses hanches, le soupire de résignation ne tarde pas à les suivre et c'est mollement qu'elle se laisse choir dans le canapé. Elle le regarde avec une forme de désespoir qui teinte ses émeraudes d'un voile d'eau.
- Je... Je le sens en moi, Vajni. Qu'on le veuille ou non, qu'on le désire ou non, ce bébé c'est... nous ? Je prétends pas être destinée à ce rôle, je prétends pas que j'excellerai, il aura sûrement les poumons noirs parce que je suis totalement hermétique au sacrifice. Ce gamin sera malheureux sans toi et je fais probablement une belle égoïste en voulant le garder. Mais...
Mais si c'est le seul souvenir qu'elle puisse garder de lui avant son départ, alors elle le gardera quoi qu'il en dise. Les yeux en larmes et les joues coulantes, elle se maudit intérieurement d'être aussi conne et détourne pudiquement la tête pour ne pas le voir. Fébrilement, elle se saisit d'une cigarette et l'allume. Le dépit a un goût amer sur sa langue.
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    Vajni Kemp
Vajni Kemp


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bang bang baby hit me one time _
MessageSujet: Re: bang bang baby hit me one time   bang bang baby hit me one time EmptyLun 19 Nov - 1:20

Les joutes sont rudes, les poings sont serrés, quelques gouttes d’appréhension coulent au-delà de sa tempe blonde. Louïsa le pousse dans ses derniers retranchements, il tente tant bien que mal de garder son sang froid, pourtant habituellement si chaud. La tâche est bien rude, la langue de la jeune femme fourche, cingle comme il l’a rarement perçu. Dans leurs plus beaux moments, leurs fougues respectives ne les avaient pas épargnés d’altercations musclées, parfois terrifiantes : celle-ci demeurera probablement dans les annales. Car loin de ces regards passionnés qu’ils échangeaient même dans leurs querelles les plus hardies, leurs prunelles ne sont pleines ce soir que de reproches et de haine équivoque provoqués par un trop plein d’amour. Un trop plein d’amour niché au creux d’un ventre pour l’une, une soif de liberté intarissable pour l’autre. Vajni se pince les lèvres, se rend hermétique aux blâmes de sa belle, scelle sa colère dans un poing qui amoche un peu plus un mur qui ne semblait demander que ça. Si peu à l’aise avec les mots, il l’est d’autant plus si les propos à son égard brûlent de vérité, ponctués de cet accent si délicieux et braillés par ces lèvres si insolentes. Louïsa, ce bout de femme qu’il considère encore comme sien. Alors il préfère s’éloigner, apprécier sa Marlboro si durement gagnée, peser ses mots pour tenter de calmer la tempête qui fait rage entre les deux anciens amants. La tornade repart pourtant de plus belle, la jeune femme manifestement peu encline à la paix face à ses mots que Vajni pensait si réfléchis et lourds de sens. S’il brille par sa lâcheté ? Peut-être, bien qu’il tente de se persuader qu’il ne s’agit là que de bonnes intentions. Louïsa le lacère de ses paroles, forte de grands gestes significatifs, il croise les bras, baisse la tête et contemple ce carrelage hideux qu’il connaît si bien. La cigarette se consume, il la termine en gardant ce goût amer en bouche. Un temps d’arrêt, le bruit d’un froissement de tissu, le ton de la jolie grecque se fait plus doux, plus larmoyant aussi. Kemp relève les yeux, s’étonne de cette soudaine accalmie teintée d’une désillusion plus troublante encore. Il l’écoute attentivement, écrase son mégot, referme la fenêtre par soucis pour la future génitrice ici-présente ; il tique un instant à cette pensée, revient bien vite à la réalité. Alignant péniblement un pied devant l’autre, les bras ballants, il contourne le canapé, s’assied sur la table basse y étant presque collé, à quelques centimètres de celle qui l’aurait étranglé une poignée de seconde plus tôt. Elle a les joues mouillées, les yeux rouges, du tabac entre les lèvres ; le cœur de Vajni se serre, il soupire bruyamment, scelle ses paumes pour ne pas s’hasarder à les poser, rassurant, sur ce corps tremblotant qui le surplombe. J’comprends pas c’qui t’accroche à c’gamin. Y’a même pas un mois d’ça, rien qu’la vue du gosse de la voisine d’en face te répugner, et là, tu t’vois déjà en train en train de pouponner.. ? J’veux… J’veux pas de tout ça. J’veux qu’tout redevienne comme avant. J’veux qu’on continue à s’lever à une heure d’l’aprem’ le dimanche, qu’on reste toute la journée au pieu si l’envie nous prend. J’veux qu’on continue à regarder la télé en maximum bass en pleine nuit pour faire chier l’concierge de l’immeuble, j’veux qu’on aille aux dernières séances du ciné sans s’soucier de quoi qu’ce soit, qu’on continue à avoir l’frigo vide pour être obligé de commander thaïlandais… J’te veux juste toi Louïsa, et personne d’autre.Ses cils papillonnent, il se frotte les paupières, nerveux, expire distinctement, attrape finalement la main gauche de la jeune européenne, son pouce en caressant le dos. Il hésite à entrelacer leurs doigts, s’effraie un instant de la symbolique du geste, passe pourtant le cap en frissonnant de ce contact retrouvé, aussi infime soit-il. L’envie de lui scander à quel point il l’aime lui brûle les lèvres. Malgré ce, il s’abstient, encore, et encore.
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