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 hopeless (svern)

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Invité


hopeless (svern) _
MessageSujet: hopeless (svern)   hopeless (svern) EmptyDim 18 Nov - 18:28

    Brooklyn. 3 heures du matin. La buée est au bord de toutes les lèvres et pourtant les corps sont des plus dénudés. Un sein pointe ici et là sous les néons comme des guirlandes un soir de noël. Des jupes ras la touffe pullulent sur les trottoirs. Shane, lui, reste en pleine conversation avec sa fraise incandescente qu'il agite nerveusement entre deux doigts noircis par le tabac à rouler. Il reste sur son monticule. Il a de la chance dans son malheur et il le sait. Il n'a pas à porter des bustiers plongeants où des culottes provocantes. « Tu as du feu, Shane ? », lui demande une voix à peine sortie de l'enfance. Il ne répond rien. Non, par impolitesse, mais tout simplement car celui-ci à oublier qu'il était malentendant. Le garçon pubère, à la coiffure blonde comme les blés, se souvient soudainement de son handicap et lui tape sur l'épaule. Shane sursaute et par signes ils finissent par se comprendre. Le plus vieux lui allume ce qui ressemble plus à un joint et se perd dans les yeux de son voisin. Sa conscience lui donne quinze-ans, mais il a surement moins. Cela lui fait mal de voir ce gamin. Pourtant, il en a vu. Cela fait plus de cinq ans qu'il fait le tapin comme on dit. Avoir fait de la prison n'a rien changé. Les visages changent, mais les expressions restent. L'homme et l'enfant s'observent. Le passé et le futur se questionnent comme pour trouver une réponse à cette vie ou cette absence de non-vie. Shane voit soudainement l'enfant frissonner. Il se lève, écrase sa cigarette et enlève sa veste. « Tiens. Prend ça. » Rien de plus. Rien de moins. Il habille et laisse partir celui qui est déjà rappelé sur le trottoir. Puis, finalement, c'est à son tour de disparaître suite à des lèvres qui s'agitent dans une voiture : « Tu montes ? » Alors, Shane disparait une demi-heure. Pas vraiment le temps pour les présentations. Déjà, est-ce vraiment la peine ? Juste le temps de baisser son pantalon, lancer sa main en arrière pour bien sentir le préservatif sur la bite qui va le pourfendre. Ensuite, ne plus penser à rien, le visage plaqué contre le siège arrière avec l'accoudoir qui vous rendre dans le ventre. Avoir mal, mais se taire. Voici, tout l'art d'un bon prostitué. Sentir ses entrailles fondre sous les coups de piston. Sentir soudainement son client s'arrêter. « Putain, tu m'en as mis plein partout, sale pute !! » Shane n'a rien entendu, mais constate qu'il a inondé la banquette arrière de sang. Il a juste le temps de remonter son jean et il se voit jeté sur le trottoir avec juste la moitié de son fric. Mealows ramasse ses billets et marche difficilement jusqu'à son monticule de départ. Le prostitué tourne la tête et voit l'arrière de son pantalon cuivré d'un rouge incandescent. « Et, merde... » Car même si les clients sont pas très regardant, il a besoin maintenant de se changer. Sa santé et la douleur passeront bien plus tard dans la liste de ses priorités. Shane connait une friperie pas loin, mais pour cela il devra s'absenter. Il doit pour cela attendre la personne qui lui en donnera l'autorisation. Avant qu'il passe par la case prison, c'était Shaena, une belle rousse plantureuse transsexuelle. Il se demande soudainement ce qu'elle est devenue tout en se roulant une nouvelle clope. La douleur n'a pas de place ici. Il ne va pas pleurer. C'est une journée comme une autre dans la vie de Shane Mealows.


Dernière édition par Shane Mealows le Lun 19 Nov - 20:33, édité 2 fois
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    Svern Kristiansen
Svern Kristiansen


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hopeless (svern) _
MessageSujet: Re: hopeless (svern)   hopeless (svern) EmptyLun 19 Nov - 20:25

    La morsure de la nuit le faisait frissonner au plus profond de son être. Recroquevillé sous son léger manteau en cuir, à peine protégé par une écharpe vieillissante, Svern tendait avec avidité ses mains gelées vers le feu tant désiré. Autour du bidon en flamme, pourtant, n'était présent que quelques clodos et un camé essayant désespérément de se faire une prostituée à moitié prix. « Allez, j'te filerais de la dope ! » Svern hocha la tête de gauche à droite, faisant virevolter ses cheveux diaphanes qui semblaient s'embrasser à la lumière des flammes. « Files m'en une boiteuse, j'serais pas regardant ! » Le squelette blafard aux yeux anormalement rentrés dans le crâne ne semblait pas vouloir en démordre. « Ferme ta gueule ou va mourir ailleurs, là où il fait froid. » La menace de le priver de feu sembla le calmer et, comme à contrecœur, il finit par se taire. Il n'était pas dans l'habitude de Svern d'être charitable durant son service, mais il avait appris à repérer les rigolos qui pouvait ennuyer les prostituées, pire s'ils étaient vraiment défoncés. Autant avoir un œil sur eux. Du coin de l’œil, Svern surveillait la rue et le passage alterné des voitures, emmenant et ramenant les filles dénudées par intervalle régulier. Svern les plaignait. A moitié nue, elles devaient mourir de froid, le seul moment où elles n'étaient pas en proie au froid, elle était en train de vendre leurs corps. Seuls les prostitués homme étaient privilégiés, ils avaient au moins le droit à un pantalon. Svern n'aurait jamais pu faire ce métier. Une simple grippe pouvait stopper son cœur trop faible. Non, il avait besoin d'assez d'argent pour être accepté à l’hôpital en cas de besoin. Et puis le sexe n'était pas quelque chose qui l'attirait, sans vraiment savoir pourquoi. Étrangement, un gamin angélique qui ne risquait pas d'abuser des prostituées au lieu de les surveiller intéressait beaucoup les proxénètes de la ville. Tant mieux pour lui. Au bout de quelques instants, une voiture s'arrêta et prix un jeune homme, l'emmenant au loin. Il sortit son carnet, cherchant parmi les photos qu'on lui avait donné celle du jeune embarqué. Shane Mealows. Du bout de son crayon à papier usé, il s'appliqua à écrire en tremblotant, Shane Mealows, environ trois heures. BM noire. S'il n'est pas revenu dans moins de quarante minutes, prions pour qu'on le retrouve vivant en fouillant tous les parkings déserts et motels miteux où les clients ont l'habitude d'emmener les prostitués. Ce n'était pas grand chose, mais ça suffisait parfois à retrouver des prostitués en proie à de dangereux psychopathes. Il regarda autour de lui et aperçu un gamin de quinze ans revenir en pleurant, boitillant. Son client n'était sûrement pas assez satisfait de ses services pour le ramener jusqu'ici. Svern raya le prénom du petit brun tout en songeant à ce qu'aurait été sa vie s'il avait été happé par la prostitution, son regard se perdant dans les flammes hypnotisantes.


    Ce fut une grande blonde, ou plutôt un travesti immense, qui vint le tirer hors de ses rêves une vingtaine de minutes plus tard, en lui tendant un paquet conséquent de fric. « Il y a l'argent du nouveau gamin. Il ne devrait pas être là. » dit-il, d'une voix étonnamment claire. Svern compta le tout et raya le nom du grand blond. Mais celui-ci ne bougeait pas. « Il ne se sent pas bien. - Bon. » dit Svern, qui se décida à contrecœur de suivre le prostitué, laissant derrière lui le feu. Il s'approcha du jeune homme qui recrachait ses tripes, un mélange de vomi et de sang. Il lui tapota le dos et lui donna cinq dollars. « Écoutes gamin, va t'acheter un café et reviens quand tu seras remis de tes émotions. Je te laisse une passe. » La voix grave du norvégien sembla surprendre l'enfant qui ne demanda pas son reste pour s'enfuir. Il était sans doute complètement déraisonné de le laisser partir dans la nuit, lui laissant une occasion de s'évader à jamais des griffes de la prostitution. Mais ils finissent tous par revenir. L'appel de l'argent. En retournant à sa place, Svern est cependant interpellé par un détail. Shane Mealows était revenu, mais pas en très bon état. Toute la face arrière de son pantalon était recouverte de sang. Pas vraiment attirant. D'un sifflement, il avertit les trois clochards autour du bidon qu'il devait s'absenter. Aussitôt, ils sortirent tous trois un crayon et une feuille, prêts à noter les allers et venus des différents prostitués. Ce n'était pas des partenaires de travail très efficaces, mais une bouteille de whisky pas cher suffisait à les motiver toute une nuit. C'était cela que Svern trouvait merveilleux, tout le désespoir de ces gens qui pouvait trouver une utilité. C'était aussi une des raisons qui le rendaient si populaires auprès des grands patrons : il n'y avait qu'un seul chaperon à payer et il se débrouillait pour se trouver lui même des partenaires. Efficace. En soupirant lourdement, il s'approcha du jeune homme en l'appelant. « Shane. Shane. Shane ! » Une prostituée se retourna, intriguée, avant de faire un signe au norvégien. Bien sûr. Le malentendant. En arrivant à sa hauteur, il tapota l'épaule du jeune homme et parla à voix basse en tâchant de bien remuer ses lèvres. « Suis-moi. Vite. » dit-il, presque sans s'arrêter. Il n'aimait pas laisser ses petits prostitués seuls. Il avait un peu l'impression d'être un berger, toujours à l’affût d'un loup et, parfois, s'éloigner du troupeau pouvait signifier la mort de celui-ci. Mais Svern avait toujours été un peu paranoïaque. Il attrapa Shane par la manche et le tira. Que fallait-il faire en premier, le soigner ou juste lui acheter de nouveaux habits ? Svern réfléchit à toute allure. A deux blocs à peine, une friperie ouverte toute la nuit et étonnamment abordable. Beaucoup plus loin, perdu dans la nuit, l’hôpital et les urgences. Il se retourna, sans pour autant s'arrêter, dévisageant Shane. « Tu as mal ? » Il commence à haleter, l'allure qu'il maintient pourtant est trop poussé pour lui. « Tu saignes toujours ? Comment tu t'es fais ça ? » Un flot de question surgisse dans sa tête, mais la pulsation du sang cognant contre ses tempes finit par le faire ralentir. Il ferme les yeux, se concentre, ses pieds le guide seul à sa destination. Au fur et à mesure que ses pas ralentissent, son cœur son calme. Il finit par lâcher la manche du jeune homme, préférant s'enserrer dans son manteau. Le froid le prenait de toute part mais il renonça à s'arrêter. Il fallait qu'il trouve de quoi remettre Shane Mealows en état.
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hopeless (svern) _
MessageSujet: Re: hopeless (svern)   hopeless (svern) EmptyMar 20 Nov - 11:56



    Perdu dans ses pensées, Shane était bien loin. Bien loin du froid agressif de cette nuit, du macadam crasseux où il agite sa clope - entre le vomi des clodos et le cadavre des préservatifs usagés- mais surtout de cette misère humaine qui se lit dans chacun des regards qui croisent le sien. Cependant, une main sur son épaule le rappelle à sa triste réalité. Il tourne la tête et se perd sur les lèvres qu'il voit articuler. « Suis-moi. Vite.» Il ne reconnait pas le visage alors Shane se perd plus longtemps sur les traits de cette personne emmitouflée dans son manteau de cuir et la nuque à peine recouverte par une écharpe. Il tire sur sa fraise qui se mit à frisonner entre ses lèvres, mais ne semble pas prêt à bouger. L'inconnu aux longs cheveux blonds le tire par le bras et semble décider pour lui. Shane les bras offerts en pâture au froid sous son pauvre tee-shirt à manche courte. Il se débat pas. Shane est un bon mouton. Il a apprit à obéir et à qu'on prenne les décisions pour lui. Plus il laisse ses yeux découvrir davantage de cette main qui enserre son poignet, plus les choses s'expliquent naturellement, comme s'il était programmé pour le comprendre. Ces lèvres doivent être celles de la nouvelle personne payée pour veiller sur la rue. « Et, celle avant toi ? », osait-il demander dans un mélange de signe pour malentendants et l'utilisation de sa propre voix.

    Shane sait très bien qu'on ne quitte pas le métier, mais c'est le métier qui vous quitte. Cependant, il a besoin de savoir. En ce moment, il se pose des questions. Il s'interroge sur cette vie. Shane s'interroge soudainement quand son inconnu se tourne pour le dévisager. « Tu as mal ?», demanda t-il. Le prostitué ne peut s'empêcher de sourire en écartant sa cigarette de ses lèvres. C'est la première fois que l'on demande. C'est étrange et Shane se demande soudainement s'il a la réponse à cette question. Comme s'il avait oublié de s'inquiéter pour lui depuis longtemps. Les traits de son visage se contracte alors qu'il cherche toujours. « Tu saignes toujours ? Comment tu t'es fais ça ? », le questionne t'on. Shane tourne la tête sans s'arrêter de marcher. Il plonge une main pour étirer son jean et revient finalement pour dire. « T’inquiète, je saigne déjà plus. Et, j'ai vu bien pire...» Shane profite d'un feu de signalisation pour esquisser un léger sourire moqueur sur sa vie passée. Il n'y a rien de rigolo dans ce qu'il va dire, mais il a depuis bien longtemps plus aucune larme pour pleurer. « ... Quand cinq mecs te tombent dessus en prison et décident de faire ta fête sans aucun lubrifiant. Tu relativises assez sur le reste de ta vie.» Le prostitué sent cette main qui le quitte. Cette chaleur fugace. Est-ce qu'il a dit quelque chose de mal ? Pourtant il doit continuer. Les mains libres. Il coince sa fraise entre ses lèvres bleutées par les morsures de la nuit. Il a décidé de donner une explication visuelle. D'une main il fait une pièce de 20 cents et de l'autre sert le poing. « Comment je me suis fait cela ? Comment dire ? Un trop petit trou pour un trop gros outil...», termine t-il lors de la rencontre de ses deux mains qui explosent en vol. Cela l'amuse à nouveau. Shane a toujours été un grand enfant. Peut-être ce qu'il faut pour survivre ici ? La friperie se dessine au loin et le jeune Mealows n'a pas à poser plus de questions. Il se permet à un nouveau feu de signalisation de briser cette distance avec son inconnu frigorifier. Il remonte son col, ferme bien son manteau et resserre son écharpe. Il se perd dans son regard car c'est son seul moyen pour comprendre son entourage. « Il faut prendre soin de toi aussi. Personne ne le ferra pour toi ici. C'est quoi ton petit nom, beauté ?», finit-il par demander avant de passer son doigt sur sa joue. Il n'y a aucune tentative de séduction, simplement de l'affection gratuite. Puis, il reprend sa course, devinant la fin de cette marche nocturne. Il s'arrête finalement devant la friperie et tient absolument à terminer sa cigarette. Il ne lui reste que quelques taffes, mais plutôt mourir pour Shane que de l'écraser sur le trottoir.
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    Svern Kristiansen
Svern Kristiansen


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hopeless (svern) _
MessageSujet: Re: hopeless (svern)   hopeless (svern) EmptyMar 20 Nov - 20:43

    Shane, sans s'arrêter, vérifia sa blessure. « T’inquiète, je saigne déjà plus. Et, j'ai vu bien pire...» Svern souffla de soulagement, laissant un immense nuage de buée sortir de sa bouche. C'était déjà ça en moins. Svern finit par s'arrêter définitivement à un passage piéton, où le feu était rouge. Cela pouvait sembler dérisoire, mais il avait appris à respecter ce genre de petites choses. Après tout, un accident était si vite arrivé. Svern ne faisait déjà plus attention au jeune homme qui l'accompagnait, il était reparti dans ses pensées, essayant de trouver une solution pour que cet achat imprévu ne bouleverse pas la nuit. Il allait être obligé de retenir l'argent sur la paye de Shane. Tant pis pour lui. « ... Quand cinq mecs te tombent dessus en prison et décident de faire ta fête sans aucun lubrifiant. Tu relativises assez sur le reste de ta vie.» Svern reporta son attention sur Shane alors qu'ils se remettaient à marcher. Il fronca les sourcils, essayant d'imaginer la scène. Un plan à six. C'est vrai que ça devait être assez atypique, surtout que la seule connaissance de la prison de Svern était le cliché véhiculé par la société. Les gros tatoués barbus. « Comment je me suis fait cela ? Comment dire ? Un trop petit trou pour un trop gros outil...» En claquant ses mains, il fait sursauter le norvégien. Le jeune homme à l'air de s'amuser alors que Svern déglutissait. Il n'aimait pas entendre ce genre d'histoires. Cela lui rappelait trop le genre de gens qu'il laissait se faire exploiter, qu'il exploitait lui-même. Mais ça ne le dégoûtait pas. Tout ce qui touchait au sexe ne l'attirait pas, il ne pouvait s'imaginer la satisfaction ou la douleur causé pendant les ébats. Il imaginait juste la scène, un amas de gros bras sur le corps frêle de Shane, étouffant sûrement sous la chaleur émanée par les muscles des taulards, tendus par l'action. Il ne savait pas ce que ça faisait. Et à vrai dire, il ne voulait pas savoir. Il n'était pas dégoûté par la scène, non, c'était autre chose. C'était inintéressant. Ce fut le contact humain qui fit sortir Svern de ses pensées, il sentit son manteau se resserrer autour de lui, sa vieille écharpe se refermer sur sa gorge blanche. Puis le regard de Shane, profondément ancré en lui en à peine quelques secondes, comme si le jeune homme cherchait quelque chose dans l'âme du norvégien. Svern ne bougea pas, restant froid, les yeux légèrement écarquillés. Shane avait les yeux bleus. Un peu comme l'océan. Pas vraiment le même qu'il y avait sur Red Hook, plutôt l'océan qu'on voyait à la télé, dans les endroits paradisiaques qu'il avait toujours voulu visiter. « Il faut prendre soin de toi aussi. Personne ne le ferra pour toi ici. C'est quoi ton petit nom, beauté ?» Svern, rentrant sa tête dans ses épaules, suivi des yeux la main de Shane qui s'approcha de sa joue, avant de la caresser tendrement. Il avait soudain remarqué la voix un peu saccadé du prostitué, qui laissait deviner un handicap. La fumée de cigarette vint inonder les poumons de Svern, qui restait toujours impassible. La main froide sur sa joue frigorifiée ne laissait aucune sensation, mais pourtant il préféra briser le contact qui avait duré beaucoup trop longtemps à son goût. Il ne fallait pas se lier avec les prostitués, encore moins avec les camés, sinon c'était la fin. Et ce petit échange allait déjà trop loin à son goût, et pourtant, il se sentait obligé de dire son prénom à Shane. Après tout, il travaillait avec lui, autant qu'il le sache. Doucement, il attrapa la main du jeune homme et l'éloigna de son visage, soutenant son regard.

    « Svern. » lâcha-t-il, dans un murmure. Shane devait sûrement imaginer une voix fluette pour un corps aussi svelte que celui du blond, mais pourtant, elle était grave et profonde. Peut-être n'arriverait-il même pas à comprendre son prénom norvégien. Svern. On avait pas dû souvent lui dire. Le silence sembla s'emparer des lieux dans une tension étrange alors qu'ils s'arrêtaient tous deux devant la friperie. Svern ne comprenait pas. Il ne voulait pas que quelqu'un prenne soin de lui. Personne ne l'avait jamais fais de toute façon. Il se sentait obligé de le dire, en regardant toujours Shane, dont la cigarette était presque finie. « Je peux m'occuper de moi seul. » Il secoua la tête, fermant les yeux, ses longs cheveux blonds fouettant l'air. Il n'aurait pas du marcher aussi vite tout à l'heure, il ne se sent plus bien maintenant. Puis il se souvient qu'il n'a pas répondu à la première question du prostitué. La fille d'avant. Shaena. La seule chose que Svern savait d'elle c'est qu'elle était rousse. Et qu'elle avait essayé de sortir une jeune fille de la prostitution, une histoire d'amour ou une connerie du genre. Maintenant elle était sûrement dans une morgue aussi froide que la nuit, avec une étiquette sans nom attachée au pied. Mais ça, Shane n'avait pas forcément besoin de le savoir. « Shaena n'a pas respecté le contrat, c'est tout » lâcha le norvégien avant d'attraper la cigarette consumée de Shane pour la jeter au loin, s'engouffrant sans hésiter dans la chaleur de la petite friperie. Le magasin était minuscule, mais chaque mètre carré débordait de vêtements, ne laissant qu'un espace infime pour faire le tour et accéder à la caisse. Le vieil immigré qui tenait ce bordel sans nom leva les yeux et dévisagea les deux arrivant. Un arabe, ou en tout cas venant d'un pays avoisinant, à en croire la peau couleur café sur laquelle des rides profondes s'étaient installées. Sans réfléchir, Svern commença à avancer, fouillant ça et la, essayant de trouver un pantalon décent à Shane. Quel taille pouvait-il bien faire ? Il avait l'air assez athlétique. D'un autre coté, les prostitués n'était pas souvent des obèses répugnants. Il monta sur sa pointe des pieds, fouillant dans les étagères, sans prêter attention à ce que pouvait faire Shane. Peut-être un pantalon noir, pour cacher une éventuelle seconde vague ? Il n'y avait là que des vieilles pièces de tissus troués. Il se retourna et essaya de trouver Shane à travers les différentes piles de vêtements. Peut-être que lui avait trouvé son bonheur.
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